Le Musée du Léman dédie une salle de son exposition permanente aux barques à voiles latines

« La barque est belle ! » fait référence à une des nombreuses expressions du bord, signifiant que la barque est vide, déchargée. Pendant plusieurs siècles, les barques à voiles latines ont sillonné le Léman pour transporter personnes et marchandises d’une rive à l’autre. Aboutissement d’une longue tradition de construction et de transport lacustre, elles illustrent l’ingéniosité et l’expérience des bateliers du lac. Avec leur désaffectation à l’aube de la deuxième guerre mondiale, c’est un symbole et une activité humaine en symbiose avec le lac qui ont disparu. Aujourd'hui, l'entrée de la navigation à voiles latines au patrimoine suisse sur la liste des traditions vivantes est l'occasion de valoriser à nouveau ces embarcations traditionnelles. Le Musée du Léman les met en valeur en mettant l’accent sur la vie des bateliers.

La nouvelle salle d’exposition propose une immersion dans l’ambiance du bord d’une barque à voiles latines. Elle a été configurée comme une cambuse de barque aménagée avec des objets de collection, tels qu'aménagements de cuisine et vaisselle, lampes, feux et équipements de sécurité. Sur la table de la cambuse, un écran tactile permet d’accéder à de nombreux documents, photographies, plans, lettres de voitures (la lettre de voiture est un contrat qui lie à la fois l’expéditeur, le transporteur et le destinataire ; autrefois, elle faisait également office de facture), manuscrits et extraits de films montrant la vie à bord. Un ensemble de modèles réduits de barques à voiles latines présente l’évolution de la construction de ces embarcations entre les 17e et 20e siècles, et un film contextualise la navigation traditionnelle sur le Léman.

Le Léman, axe de circulation pendant deux millénaires

La navigation traditionnelle à voiles latines sur le Léman est intimement liée à l’histoire des usages du lac. Depuis l’époque romaine, le lac a été le moyen de déplacement privilégié pour transporter des marchandises. Plus rapide, plus sûr et plus confortable que les routes terrestres mal entretenues, mal fréquentées ou escarpées, le Léman est au cœur des axes de circulation de l’époque romaine à la fin du 19e siècle. Pendant deux millénaires, le Léman a été sillonné par des embarcations propulsées à la voile ou à la rame, à la remorque ou par halage. L’apogée de ces déplacements, située entre le 17e et le 19e siècle, doit beaucoup à l’introduction de la voile latine qui permet de remonter au vent.

Cette réalisation a pu être accomplie grâce au financement de la Ville de Nyon, mais également grâce au soutien du Canton de Vaud et des fondations vaudoises Ernest Dubois, Goblet, Pittet, Bolle et des deux Cèdres.